Martin Bouygues ne décolère pas au sujet de Free Mobile
L’arrivée de Free a bouleversé le petit monde jusqu’ici bien huilé de la téléphonie mobile. En premier lieu pour le consommateur, et c’est tant mieux. Mais aussi pour les autres opérateurs que sont Orange, SFR et Bouygues Telecom, par ordre d’apparition.
Si Orange et SFR ont, dans un premier temps, été bousculés par l’arrivée du quatrième opérateur, tous deux semblent avoir désormais accepté son existence.
Plus de six mois après la déferlante Free Mobile, ils affirment avoir finalement réussi à limiter la casse. Fin juillet, lors de l’annonce de ses résultats trimestriels, Orange présentait un chiffre d’affaires stable par rapport à celui de la même période en 2011. En ce qui concerne ses abonnés, l’opérateur déclarait que l’hémorragie était stoppée : le volume des « départs » avait été divisé par quatre au deuxième trimestre et 86 000 nouveaux clients avaient été comptabilisés sur les trois derniers mois.
Même son de cloche rassurant du côté de chez SFR qui vient de dévoiler ses résultats pour les six premiers mois de 2012 : au deuxième trimestre, la marque rouge a perdu 53 000 abonnés, mais a conquis 122 000 nouveaux clients. Des chiffres à relativiser tout de même puisque le chiffre d’affaires de l’opérateur a chuté de 8,8 % au deuxième trimestre (sa filiale mobile n’enregistrant qu’une baisse de 2%).
La page n’est pas tournée…
Martin Bouygues, quant à lui, ne décolère pas. Début juillet, le PDG du groupe éponyme avait déjà envoyé un courrier aux parlementaires pour dénoncer les conditions trop avantageuses du contrat d’itinérance passé entre Orange et Free.
Hier, mercredi 29 août, lors de la publication des résultats semestriels de son groupe, il a de nouveau critiqué l’Arcep. Selon ses propos – rapportés par le Figaro.fr -, le régulateur aurait agi dans des conditions opaques : « Avant de lancer le quatrième opérateur, quelles études d’impact ont été faites ? Y en a-t-il eu ? Ce sont des informations qui devraient être publiées. Là, rien, zéro. […] Le régulateur ne nous pose même pas de questions sur ce qui est en train de nous arriver. Je suis épaté, franchement estomaqué ». Une position que ne partage pas Stéphane Richard, d’Orange, qui évoque désormais bien plus l’avenir que le passé.
Plus étonnant, Martin Bouygues s’en est même pris à l’ancien premier ministre : « Le précédent gouvernement nous a fait les poches en fin d’année en nous vendant les licences 4G et, quelques mois après, il nous fracasse avec l’arrivée de Free. J’avais écrit à François Fillon pour l’alerter, mais il ne m’a pas répondu».
Des mesures “musclées”
Pourtant, la filiale télécom du groupe a elle aussi endigué les ravages de Free. Après une perte de 379 000 abonnés au premier trimestre, l’opérateur a récupéré 55 000 nouveaux abonnés au second semestre. De bons résultats dus en partie aux offres B&You dont les tarifs – notamment celui du forfait « illimité » – sont calqués depuis le mois de janvier sur ceux de Free Mobile.
La cause du ressentiment de Martin Bouygues est, a priori, ailleurs : Bouygues Telecom affiche un résultat net qui a chuté de… 57 % pour s’établir à 92 millions d’euros. Hier, l’action Bouygues a du coup vu son cours baisser de plus de 8 %, pour s’établir à 19,95 euros.
Pour faire face à la situation, le groupe prévoit un plan d’adaptation dont le coût est estimé à 150 millions d’euros. Les termes en sont clairs : départ de 556 employés, renégociation des contrats de distribution (avec, notamment Phone House, mais pas avec les boutiques de la marque), intégration des magasins Darty dans la stratégie de distribution. L’opérateur pourrait, dans un avenir proche, certainement reconsidérer les propositions de mutualisation évoquées par Orange.
Pour rappel, dans le domaine de l’Internet et de la téléphonie fixe, l’opérateur loue déjà une partie de son réseau fibre optique à Numericable.
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